Quelle profondeur dans une seule phrase (Luc 23:34) Quel enseignement de Jésus sur la puissance de l’amour.
Pardonner beaucoup
Les traductions fidèles au grec utilisent l’imparfait : « Jésus disait ». Cela indique une action continue et implique que Jésus répétait ces paroles, comme une prière insistante.
La version TPT (The Passion Translation) a traduit ce verset ainsi :
« Pendant qu’ils clouaient Jésus sur la croix, il priait encore et encore :
“Père, pardonne-leur, car ils ne savent pas ce qu’ils font.” »
Peut-être priait-il à chaque clou, à chaque moquerie, à chaque geste de violence.
Dans ce moment de souffrance physique et émotionnelle, de totale injustice, Jésus choisit de ne garder en lui que l’amour. Pas de rancune, pas d’amertume. Il libère les autres et par la même occasion, il ne s’alourdit pas lui-même. Il incarne une fois encore l’amour du Père. « Je ne fais que ce que je vois le Père faire ». On peut en déduire que cette prière ne peut que découler du coeur même du Père.
Laisse leur dette
Et puis il y a cette autre parole de Jésus dans Matthieu 25 qu’on pourrait résumer ainsi : « Ce que vous avez fait (ou n’avez pas fait) à l’un de ces plus petits, c’est à moi que vous l’avez fait (ou ne l’avez pas fait). » Je l’interprète alors aussi ainsi : « Ce que vous me faites, c’est au Père que vous le faites. »
Les clous enfoncés dans le corps de Jésus, ce sont des clous plantés dans le cœur du Père. Car il n’y a aucune séparation entre le Fils et le Père.
Et pourtant… « Pardonne-leur »…
La traduction Chouraqui le dit de cette façon : « Père, laisse leur dette, oui, ils ne savent pas ce qu’ils font. »
Le verbe grec utilisé pour « pardonner » signifie aussi relâcher, laisser aller, remettre.
Pardonner, c’est donc libérer l’autre d’un poids, même s’il n’en a pas conscience. En fait Jésus ne dit pas : « Pardonne-leur s’ils s’excusent », mais : « Pardonne-leur même s’ils ne savent pas. »
Ce pardon n’attend pas la repentance. Je crois que Jésus le fait dans la foi que l’amour a le pouvoir de transformer, et il ouvre ainsi, à nouveau, un chemin pour son prochain.
Ils ne savent pas ce qu’ils font
Cette phrase m’a impacté d’une manière plus profonde lorsque j’ai à nouveau médité dessus dernièrement. « Ils ne savent pas ». Ils ne comprennent pas. Ils ne voient pas. Ils ne connaissent pas.
Combien de fois ai-je été pardonnée sans même savoir que je faisais du mal ?
Combien de fois ai-je cru bien faire, alors que j’agissais en réalité depuis mes blessures, mes colères, mes convictions, ma propre vision de la justice… et que j’ai blessé ?
Les pharisiens croyaient défendre Dieu ! Et pourtant, ils mettaient à mort son Fils, venu révéler son vrai visage et montrer le chemin vers le Royaume.
L’aveuglement – le tien, le mien, celui des autres – peut être sincère, mais destructeur.
Aujourd’hui encore, tant d’actes (et d’horreurs) sont commis par des gens convaincus d’avoir raison, au nom d’une « vérité », d’une idéologie, et même d’une religion. La colère, l’orgueil, la peur, la cupidité, etc., tout cela aveugle aussi.
Et moi également, dans mes jugements, mes incompréhensions, mes blessures non guéries… Jésus continue de prier pour moi comme il le faisait déjà sur la croix : « Père, pardonne Claire, car elle ne sait pas ce qu’elle fait. »
Et je peux prier ainsi avec humilité : « Père, pardonne moi, car je me sais encore souvent aveuglée ».
Un appel pour aujourd’hui
Jésus n’a cessé de révéler le coeur du Père et de montrer la voie. Alors ce pardon libéré est un enseignement et donc un appel.
Et si nous devenions, à notre tour, des porteurs de pardon ?
Nous savons, bien entendu, qu’il nous est demandé de pardonner à ceux qui nous ont offensés, mais pour aller plus loin, et si, au lieu de nous indigner face à l’aveuglement et la bêtise des autres, nous choisissions de les libérer intérieurement ?
De prier comme Jésus : Père, pardonne-leur… même s’ils ne le demandent pas encore. Même s’ils ne voient pas encore.
Imaginez : si en regardant les actualités, en entendant la souffrance du monde, au lieu de juger froidement, nous participions à la libération de la dette de l’autre. Même si cela ne semble pas nous concerner directement (Parce qu’en réalité, je crois que nous sommes tous liés). Alors chaque fois que je le ferais, je participerais à la libération de mon prochain, et je participerais, à ma mesure, à libérer le monde du chaos dans lequel il se trouve.
Et peut-être qu’un jour, ce pardon deviendra chez l’autre une révélation, un éveil, une repentance.
Alors oui, lorsque je suis blessée personnellement, mais aussi lorsque je vois les blessures du monde et les injustices, je veux me rappeler de faire ce choix : « Père, pardonne-leur, car ils ne savent pas ce qu’ils font. »
Non pour excuser, mais pour déposer le mal dans les bras du Père, et permettre à son amour de faire son œuvre.
Jésus l’a fait dans un moment de douleur atroce. Il nous montre constamment le chemin de l’amour inconditionnel.
Et moi, je veux apprendre à toujours marcher dans ses pas.
Merci Claire.
Que de chemin à parcourir, en ce qui me concerne.
Je pense à vous souvent.
David (22)
C’est un chemin d’apprentissage pour tous, dans le même bateau David. Nous ne t’oublions pas non plus. Claire
Dépasser cet aveuglément pour franchir et suivre la voie de « l’apaisement » pour soi-même tout en aidant l’autre, indirectement, à « guérir »…Merci Claire ❤️
Magnifique Claire
Le pardon profond est la base de notre relation aux autres et surtout libérateur pour nous mêmes
Un grand MERCI pour ce partage