Le Temps de l’Apparition

Je vous partage un article que j’avais écrit il y a 9 mois, mais que je ne publie qu’aujourd’hui sur le blog. Il sera scindé en deux parties, pour ne pas être trop long à lire en une fois !

Le Temps de l’apparition

C’est le temps de l’apparition… Non celle de Jésus devant nous, mais celle de son Ekklesia dans la sphère où notre Roi demeure corporellement.

En février 2019, la traversée de plusieurs épreuves avec ma famille, pour certaines toujours d’actualité, a fait naître en moi le besoin vital d’une nouvelle rencontre avec mon Sauveur — de manière tangible. Dans Sa tendresse, Il est apparu d’une façon toute particulière, sans précédent pour moi. Sans la développer, alors que cette expérience semblait s’achever, je pleurais déjà en lui priant de m’apparaître de nouveau… Je l’ai alors clairement entendu me dire «Tu me demandes de t’apparaître encore, mais ce que je désire, moi, c’est que toi, tu m’apparaisses». 

J’ai tout de suite compris qu’Il ouvrait un nouveau chapitre dans ma relation avec lui. Le souvenir du récit d’Exode 24, où les anciens et Moïse ont mangé et bu sur la mer de cristal en présence du trône, a comme scellé un désir, une promesse en moi : celle de Lui apparaître. Non seulement là où je respire l’air terrestre, mais là où lui-même est notre cité céleste.

Dieu ranime un appel ancien — voire prééminent — au sein de son peuple, spécifiquement pour ces temps. 

L’appel d’Abraham

Notre ancêtre Abraham vivait pour cette vocation ultime. C’était même son premier appel. L’Éternel s’est manifesté à Abraham avec ces premiers mots : «Va-t’en hors de ton pays, et de ta parenté et de la maison de ton père vers le pays que je te montrerai». (Gn. 12 :1)

Savez-vous qu’Abraham n’avait pas, pendant sa vie terrestre, accompli pleinement son premier appel divin ? (Hb. 11 :8-16)

En fait, aucun Homme, aussi proche et intime qu’il pouvait l’être avec Dieu, n’aurait pu remplir cet appel ultime avant la Nouvelle Alliance, car aucun d’entre eux ne pouvait parvenir à la perfection sans nous, l’Ekklesia ! Cette perfection accomplie en Christ a enfin ouvert les portes de la Cité dont Dieu seul est l’architecte.

Abraham soupirait après cette Cité préparée par Dieu lui-même. Lorsqu’il a entendu Dieu souffler cet appel en lui, Abraham a reçu dans son cœur une vision au-delà de ce que nous pouvons lire en Genèse 12 :1. Lorsque Dieu nous parle, nous avons toujours une image, une vision qui émane de ce que nous entendons de lui. Si je vous parle d’une pomme, vous visualiserez une pomme, sans même chercher à le faire. Nous sommes ainsi faits.

C’est certainement ce qui est arrivé à Abraham et que nous ne voyons pas directement quand nous lisons le récit. Dieu a promis à Abraham de lui montrer râ’â» – littéralement «lui donnera de voir» qui porte aussi la signification en hébreu de «faire comprendre»). Et nous verrons en effet plus tard, pourquoi Abraham avait à comprendre « l’éternité » de cet appel.

À cause de cette vision céleste, le patriarche s’est «étiré à l’extrême», au sens littéral du terme utilisé dans la lettre aux Hébreux «… en désire une meilleure, une céleste». Il a en effet traversé le pays en long et en large, le reflet même de l’étirement de son âme pour cet appel brûlant, celui de trouver sa patrie, celle d’un autre monde…

Il s’est étiré en son cœur au point de ne plus se souvenir de son pays d’origine, qui était, soit dit en passant, la terre des patriarches emblématiques tels que Noé ou encore Sem. Toutes les générations après Noé étaient encore vivantes quand Abraham a entendu de quitter cette contrée mythique d’Ur. Pourtant, il l’a fait, au point où le retour vers l’ancien n’avait plus d’attrait pour lui ! (Hb. 11 :15)

Abraham, habité par un rêve consumant, est mort en ayant embrassé cette promesse, l’ayant perçue de loin (Hb. 11 :13). Oui, cette vision qu’il avait nourrie en lui-même était peut-être d’une perception limitée, mais bien réelle et brûlante ! Il aura cependant compris («je te ferai voir/comprendre» (rā’āh)) la promesse de Dieu, que cette patrie céleste n’était pas de ce monde et qu’il ne resterait qu’un étranger sur cette terre. Prophétiquement, pour l’Église, le père de la foi avait assimilé que son appel ne se résumait pas à la Sion d’en bas. Il avait perçu « de loin » celle d’en haut, l’héritage des enfants du Très-Haut. D’ailleurs, l’apparition de Melkisédek lui prouvait sûrement la vision de cet appel céleste : un Roi céleste qui provenait d’un autre type de Cité — Salem/Shalom — dont Dieu lui-même est la substance.

De son vivant, il n’aura pu atteindre la Cité inébranlable. Dieu l’avait invité à embrasser une vision qui dépassait ses propres jours sur terre. En cela, il ne pouvait accomplir pleinement son premier appel. Dieu avait enfanté en Abraham une vision céleste, afin que les enfants de la promesse deviennent littéralement les étoiles des cieux. Abraham l’a perçue de loin et s’est réjoui pour les générations prochaines qui continueraient de porter en gestation cette vocation dévorante, au point d’enfin l’expérimenter grâce à Christ. (Jn. 8 :56)

L’appel de l’Église

Ce qu’Abraham n’avait pu vivre sur terre, l’Église est appelée à en faire l’expérience, sans attendre l’autre côté de l’éternité !

Peut-être que nous ne réalisons pas toujours l’ampleur de cette parole : « Dieu ayant pourvu à quelque chose de meilleur pour nous, afin qu’ils ne soient pas rendus parfaits sans nous» (Hb. 11 :40)

Tout ce que nous lisons dans le chapitre 11 de l’épître aux Hébreux est pour nous un palmarès de victoires impressionnantes vécues par ces héros de la foi, mais qui pourtant, n’ont pas reçu les promesses. Malgré ces triomphes incroyables, ils n’ont pas reçu les promesses ! Pourquoi ? Parce que Dieu avait prévu le meilleur pour les héritiers de la Nouvelle Alliance, afin que ceux qui la précédaient n’atteignent pas la perfection sans l’Église. Dieu avait préparé le meilleur pour nous, pour le Corps de son Fils. Quelle faveur imméritée !

Je crois qu’en cette saison, l’Esprit de Dieu dévoile plus largement l’accès à une facette fondamentale des promesses. Jésus l’avait rendue possible depuis son parfait sacrifice, mais la majorité de son peuple n’était pas encore prête à la vivre. C’est différent aujourd’hui. Dieu est en train de réveiller l’appel et la vision première d’Abraham : la Contrée céleste.

La lettre aux Hébreux survole les différentes facettes du «meilleur» que YHWH avait préparé pour les héritiers de la Nouvelle Alliance. Et celle qui, je le crois profondément, correspond à la saison que nous vivons déjà et qui s’ouvre plus particulièrement à nous est notre accès au mont Sion, à la Cité du Dieu vivant. (Hb. 12:22)

C’est une chose de parler au sujet de notre citoyenneté céleste, mais c’en est une autre d’apprendre à occuper notre citoyenneté d’en haut – sans parler uniquement d’un positionnement spirituel, mais d’une véritable «occupation». Autrement dit de visiter cette Cité spirituelle. Certains saints dans les siècles passés et de nos jours ont commencé à expérimenter la promesse de rejoindre Jésus là où Il demeure invisible. Dieu libère cet enseignement, afin que son peuple commence à saisir cette partie de la promesse déjà accomplie en Christ : celle de s’approcher (en grec «proserchomai») de la montagne de Sion, de la Cité du Dieu vivant (Hb. 12 :2). Littéralement «venir tout près», expression grecque aussi utilisée pour parler des relations sexuelles entre un homme et une femme… C’est pour dire la proximité que cette expression implique dans ce verset. Il ne s’agit pas d’un vocabulaire allégorique, mais d’une réalité spirituelle à expérimenter, à occuper, je dirais même à « pénétrer » comme dirait André Chouraqui. (Bible Chouraqui)

Habituellement, nous aspirons à ce que les cieux rejoignent la sphère terrestre, que Jésus se manifeste physiquement dans cette réalité d’en bas ou d’autres apparitions tangibles de son royaume. Et c’est légitime. Cependant la promesse accomplie au sein de la Nouvelle Alliance va bien plus loin encore! Abraham, lui aussi, expérimentait les cieux qui s’invitaient dans le naturel comme la visite de Melkisédek et celle d’anges. Mais, il n’a pas goûté à ce qui était réservé aux participants de la perfection de Christ : à la possibilité d’occuper les cieux et de connaitre la contrée céleste de son vivant. Je crois que notre première vocation, la plus ancienne, est celle de rejoindre la réalité d’en haut, afin que bientôt, cette dernière s’incarne «naturellement» à travers son Église sur terre. (Jn. 3:1-13)
Et j’utilise le terme « rejoindre« , non pour sous-entendre une séparation entre la sphère terrestre et la céleste, ni pour connoter une distance existante entre ces dernières, mais pour exprimer un pas de foi de notre part afin d’interagir et de s’accoutumer à la dimension céleste en laquelle nous sommes déjà en Christ, ici-même, et maintenant. (Éph. 1:10 – Col. 1:16,20) 

Pendant des siècles, l’Église a développé son identité en relation avec le Père céleste. Non que cette période soit révolue, bien au contraire. Néanmoins, l’Église entre parallèlement dans les temps où elle complète son identité originelle au sein de sa Mère d’en haut : la Jérusalem Céleste. Dans cette génération, l’Ekklesia apprend à quitter les schémas «d’en bas» pour embrasser sa liberté glorieuse, celle de sa Mère Céleste. (Ga. 4 :24). En fait, j’irais même plus loin, si nous réalisons la révélation de l’apôtre Paul, nous comprendrons que la connaissance de Dieu comme notre Mère d’en haut induit l’expérience de notre citoyenneté céleste. (Hb. 12:22)

La vocation finale et cachée de l’appel d’Abraham était céleste. Nous sommes sur la voie d’explorer cet appel ancien, et cela pendant notre vivant, sans attendre d’expirer notre dernier souffle…

(à suivre…)

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