Temple intérieur et égo

« On ne voit pas que l’homme naît au moment où il est libéré de soi, où il passe du dehors au dedans, où il cesse d’être un objet, où il cesse de se subir et où il n’est plus qu’une offrande à l’égard de cette Présence merveilleuse qu’il découvre au plus intime de soi. » Maurice Zundel

Pour commencer

Dans cet article, j’explore la notion de l’ego et de la « nouvelle naissance », mais je voudrais d’abord définir ce que j’entends par « ego », ce terme pouvant revêtir divers sens selon les personnes et les contextes (psychologiques, spirituels). Ici, je le considère comme un « faux moi », une « carapace » qui voile notre vraie nature, à nous-mêmes et aux autres. Voici des parallèles et synonymes que l’on peut rencontrer dans la bible et ailleurs : Vrai moi / faux moi ; Être / ego, Véritable identité / fausse identité ; Nouvelle création / ancienne création ; Nouvel homme / vieil homme ; Lumière intérieure / ombre projetée, etc.

L’ego et les masques

Dans le roman « La Cité 3, Deux vies« , Clélia chante : «… je n’étais plus qu’une ombre, l’ombre de moi-même… ». Même si peu d’entre nous passent par ce qu’elle vit, ces mots peuvent, je pense, résonner en chacun de nous.

Nous sommes tous, à différents degrés, l’ombre de nous-mêmes. Nous avons bâti, depuis l’enfance, par insécurité, peur, habitude, blessures, désirs, une sorte de protection qui en devient une prison. Cette carapace influence notre relation à Dieu, à nous-mêmes et aux autres. Elle nous pousse, par exemple, aux projections, aux jugements, aux interprétations. Là aussi, autant envers Dieu, qu’envers nous-mêmes et les autres.

Bien que l’ego ait pu nous être utile à certains moments, nous sommes invités à le « traverser », à le transcender diront certains, pour aller au-delà de ses limites (croyances, conditionnements…), afin de passer de la « survie » à la Vie, pour passer du « paraître » au Réel. Comme le dit Maurice Zundel : « Presque tous les hommes portent un masque qu’ils ont pris instinctivement pour défendre le secret de leur âme… et ils finissent par ne plus connaître le visage de leur nativité. »

Le voile de l’ego et le symbole du Temple

La déchirure du voile du Temple est un événement puissant dans sa symbolique spirituelle, et le parallèle que je vais en faire ne devrait donc pas être limité à celui-ci. Lorsque Jésus dit que « Tout est accompli » et que le voile se déchire, un chemin s’ouvre entre l’ancien et le nouveau, entre le lieu sacré de Dieu et le reste du Temple. Le voile était un épais rideau qui séparait le sanctuaire le plus sacré (le Saint des Saints) où Dieu résidait, du reste du Temple.

Pour comprendre ce symbole dans notre vie intérieure, imaginons le Temple comme une métaphore de notre être :

  • Le Saint des Saints représente ici notre cœur spirituel, le lieu où réside notre essence, où Christ demeure.
  • Le voile est notre ego, cette barrière qui nous sépare (nous voile) de notre véritable identité, de la pleine présence de Dieu en nous.
  • Le Temple symbolise notre être entier — corps, pensées, émotions, sens physiques…
  • Le parvis est l’espace d’interaction avec les autres, le monde extérieur.
  • Le lieu Saint (celui avant le Saint des Saints) symbolise nos pratiques religieuses, ou notre quête de sens.

Une invitation à la repentance et à l’union

« En vérité, en vérité, je te dis, si quelqu’un ne naît d’en haut, il ne peut voir le Royaume de Dieu. » (Jean 3:3)

Bien souvent, nous vivons à la périphérie de notre être. Nous réagissons aux éléments extérieurs, aux attentes des autres, aux désirs de reconnaissance. Nous restons sur le parvis du Temple. Pour d’autres, nous faisons des allers-retours entre le Parvis et le lieu Saint. Pourtant, nous sommes invités à aller plus loin, à entrer jusque dans le Saint des Saints, où se vit l’union intime avec le Père.

Dépasser le voile amène souvent une prise de conscience de l’ego et de ses rôles : comment il nous pousse à chercher l’approbation des autres, à juger, à projeter nos peurs, et à nous éloigner de notre véritable nature. Ce n’est pas toujours agréable. On préférerait ne pas voir ce que l’on garde caché, à soi et aux autres… et encore plus naïvement à Dieu (pensons à Adam et Ève qui essaient de se cacher de Lui en constatant leur nudité). On peut même décorer le voile pour continuer à se « voiler la face ». D’ailleurs, le regard fixé vers l’extérieur du Temple, nous ne voyons pas le voile. Mais voir nous permet de reconnaître nos propres mécanismes inconscients et nous invite à une repentance qui permet de s’ouvrir à la Vérité intérieure.

Il ne s’agit pas ici de se juger ou de se condamner, mais de regarder honnêtement ces comportements et de les laisser aller en Lui pour faire la place à Sa Lumière divine. C’est un chemin de guérison et de libération, un retour (ou une entrée) vers le Réel en nous.

Un chemin de transformation

« La Nouvelle Naissance est le début d’une croissance qui se fait de naissance en naissance, de résurrection en résurrection, indéfiniment. Sur ce Chemin, la mort n’existe plus. Elle devient un Éveil. »
Elisabeth de la Barre

« Choisis la vie » (Deutéronome 30:19). La déchirure du voile représente un passage du « moi illusoire » vers le « moi véritable ». « Ce n’est plus moi (l’ego) qui vis, mais Christ qui vit en moi ».

Lorsque le voile se déchire, nous pouvons accéder à notre véritable nature, dans le Saint des Saints de notre être. Là, la communion divine se vit pleinement et nous commençons à découvrir qui nous sommes vraiment, tels que Dieu nous a conçus depuis le commencement (ou la Source / dans Jean 3:3 « naître de nouveau » est traduit par « naître d’en haut » en grec et « naître depuis l’origine » en araméen).

Entrer dans le Saint des Saints est un chemin à parcourir chaque jour ; c’est un processus. Depuis ce lieu intérieur, le reste de notre « temple » s’illumine, et les illusions de séparation se dissipent. Et chaque fois que nos regards se tournent vers l’extérieur, vers le besoin de reconnaissance, que nous vivons à nouveau à la périphérie de notre être, souvenons-nous simplement de revenir à l’intérieur, vers le Saint des Saints où réside la Vérité et la Paix. Nos yeux ne doivent être fixés ni vers l’extérieur, ni sur l’ego, mais sur Christ à l’intérieur de nous.

Nous n’irons plus au lieu Saint en espérant que Dieu veuille bien se laisser toucher, mais nous entrerons directement dans le Saint des Saints, là où il n’y a aucune séparation (sauf celles que nous entretenons). C’est depuis ce lieu d’union que la Lumière jaillira au-delà. Le lieu Saint se remplira alors naturellement de louanges, de prières, de service, non plus comme des devoirs pour approcher Dieu, pour lui plaire, ou pour lui montrer que nous l’aimons, mais comme des élans spontanés nés depuis le lieu sacré de notre intériorité. Et cette Lumière inondera notre être extérieur, nos sens, le monde… révélant le Christ qui vit en nous. Nous pourrons enfin voir Dieu, nous-mêmes et les autres, au-delà des voiles.

Pour finir

Cet article ne se veut pas un outil de développement personnel, mais une invitation à la transformation selon ce verset : « Il faut qu’Il grandisse et que je diminue. » (Jean 3:30)

Dieu est bien sûr partout. Il est sur le parvis, il est dans le lieu saint, mais c’est dans l’endroit de nos vies le plus intime, le « sacré cœur » que nous le rencontrerons en face à face et qu’il pourra réellement transformer nos vies afin que nous puissions aimer.

Pour ceux qui souhaitent approfondir cette thématique sous d’autres formes imagées et dialogues, je vous invite à lire les livres « La Cité », et vous trouverez beaucoup de ces sujets abordés dans « La Cité 2, Le Jardin Secret ».

Recevoir les méditations ?

Inscrivez-vous pour recevoir par mail, les nouvelles méditations publiées sur nos réseaux sociaux.

Nous ne spammons pas !

3 réponses sur “Temple intérieur et égo”

  1. Ça m’a fait penser à : « Vous connaîtrez la vérité (la réalité), et elle vous rendra libres » !
    Libres de l’ego, ses mensonges et conditionnements entre autres…

    Merci Claire pour ce super billet, avec ces citations qui sont de véritables pépites ! J’aime ! 👍 ♥️

Laisser un commentaire

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.