« Car nous marchons par la foi, et non par la vue » 2 Corinthiens 5:7
« Ne pas marcher par la vue » ne signifie pas d’agir sans voir ou sans connaître ! Paul lui même dira qu’il ne frappe pas dans le vide (1 Cor 9:26) ! La foi est une « conséquence, un produit, un résultat » de ce que l’on entend, voit et comprend dans une sphère autre que celle des sens physiques.
Mais ne prenons pas l’équation à l’envers. On ne soupire pas après une substance en tant que telle qu’on appellerait la « foi » pour, par exemple, l’augmenter, mais on s’attend à voir et entendre spirituellement afin que la « foi » soit libérée. (Lc 17:5-6, Ap 2:7, Ap 13:9, Mt 11:15)
Lorsque Paul déclare qu’il vit par la foi du Fils de Dieu, il voit et entend par le Fils de Dieu, à travers les yeux, les « oreilles » et la pensée de Christ (1 Cor 2:16, Rm 8:6) ! Et on ne parle pas là des organes physiques, mais spirituels ! Nous avons reçu comme un don la pensée de Christ, Sa capacité à voir et à entendre.
Nous n’avons pas dès que nous naissons la confiance qu’une chaise est assez solide pour supporter notre poids ! Nous avons en fait un jour vu ou entendu dire que la chaise pouvait nous supporter, ainsi nous nous sommes assis dans la confiance de ce que nous connaissons déjà ! Notre capacité naturelle à croire est rendu effective par ce que nos sens physiques nous témoignent.
De même la foi spirituelle a besoin de nos sens spirituels, de la connaissance spirituelle. « La foi vient de ce qu’on entend« , et cette écoute est à travers (en grec « dia ») la parole de Dieu ! La parole (Christ) est vivante, active et puissante (Héb 4:12) ! Elle est pour nous comme un « autre monde » où nous avons besoin d’y voir et d’y entendre pour connaître et agir en fonction ! Ainsi la foi provient non pas d’une démarche aveugle, présompteuse et sans connaissance, mais par la connaissance intérieure de ce qu’on a déjà vu et entendu en esprit, enraciné dans Son amour. (Rm 10:8, 10:17, Jn 5:19, 5:30)
Lorsque Jésus a demandé à l’homme à la main sèche d’étendre cette dernière, Jésus voyait ce qui s’accomplissait en Dieu, son « autre monde » ! Il a certainement vu la main complètement guérie à l’endroit où il lui demandait de l’étendre ! Jésus « connaissait » qu’il était dans cet autre monde, et cet autre monde était en lui ! En fait Jésus amenait son « autre monde » avec lui et en lui afin d’y tranférer son prochain, spirituellement et physiquement ! (Mc 3:5, Lc 6:10, Jn 5:19)
On peut facilement être berné dans le domaine de la foi, simplement parce qu’on peut difficilement la « juger » de l’extérieur. Il existe plusieurs type de foi, mais celle qui nous intéresse est celle de Dieu, c’est à dire celle à laquelle nous invite Jésus (Mc 11:22). Or, cette foi ne consiste pas en une assurance mentale, car elle est spirituelle. Elle n’a pas besoin des expériences passées, car elle voit tout nouveau. Elle n’est pas « aveugle », « sourde » et ignorante au contraire elle voit, entend et connaît. Elle n’est pas morcellée, elle est complète. Enfin, elle ne se manifeste que dans et par l’amour. (Ga 5:6, Eph 3:17, 1 Cor 13:7, Ap 21:5)
Ainsi on ne parle pas d’une « chose » en tant que telle lorsqu’on nomme la foi, mais du produit, du résultat de ce qui est vu, entendu et connu en esprit et donc en vérité (1 Cor 2:14, Jn 4:24). Il n’y a pas de raccourci pour ce type de foi. On ne peut l’expérimenter que dans la communion, la relation, le chemin intérieur vers Christ demeurant dans notre coeur (Col 1:27, Eph 3:17). Elle ne peut « fonctionner » indépendamment de ce qu’elle touche intérieurement en Dieu. C’est pour cela que cette foi, celle de Dieu ne peut « être » qu’à travers l’amour.
Au début, cela paraît déroutant car d’une certaine manière on ne peut pas forcer ce type de foi. On peut y être conduit progressivement par Dieu et ensuite seulement on connaît la route pour l’atteindre de nouveau, en Dieu. Et lorsque nous apprenons ce chemin intérieur, nos sens spirituels apprendront à voir et entendre au-dedans de nous, demeure du Dieu vivant. (Lc 17:21, 2 Cor 6:16, Mt 7:7)
Nous « positionner dans la foi », comme il est courant d’entendre aujourd’hui, est bien souvent déstabilisant, frustrant et vain lorque cette démarche est finalement sans le réaliser, vécue indépendamment de Dieu et donc non connectée à la foi abordée tout au long de ce texte. Tout ce qui n’est pas lié à une véritable connaissance intérieure est en fait très présomptueux et auto-suffisant. Cela peut éventuellement porter du « fruit » à court terme, mais jamais à long terme. Simplement parce que dans le temps, on arrive tous au bout de soi-même. Cela varie en fonction de l’entêtement de chacun…
Lorsqu’il est parlé d’obéissance dans le nouveau testament, ce terme entraîne parfois une compréhension tordue dans notre façon de l’aborder. En fait en grec le terme « obéissance » est traduit « hupakoḗs » qui veut aussi dire « écoute attentive ». L’obéissance est particulièrement liée à ce qu’on écoute avec attention. Par exemple, quand Paul exhorte les croyants de Corinthe à ce que toutes leurs pensées soient obéissantes à Christ, il les encourage à ce que ces dernières soient en écoute attentive de Christ ! Cette écoute n’est pas passive et oublieuse, mais au contraire active et créatrice de l’action. Là encore l’obéissance n’est donc pas un acte déconnecté de la communion divine ou bien réglée par une connaissance extérieure , elle est en fait un fruit d’une écoute, d’une attention intérieure envers l’onction d’amour dans nos coeurs. (1 Jn 2:20, 27 – 2 Cor 10:5 – Jc 2:25)
Pour conclure, notre responsabilité, notre piété, est d’explorer le chemin au-dedans de nous : en Christ, afin d’y entendre, d’y voir, et donc de connaître devant telle ou telle situation. Ainsi la « foi » paraitra d’elle-même, simplement parce que désormais la parole de Dieu est devenue vivante pour nos yeux et oreilles intérieurs.
La foi, celle de Dieu, n’est pas aveugle.