« Et l’Éternel dit à Gédéon pendant la nuit: Lève-toi, descends au camp, car je l’ai livré entre tes mains… Et si tu crains d’y descendre seul, descends au camp avec Pura ton serviteur. » (Juges 7:9-10)
Nous sommes en proie à de terribles guerres silencieuses en nous. Par un mécanisme inconscient de défense, nous les taisons, les étouffons. Nous pensons parfois en être débarrassées parce que le souvenir de ces guerres a disparu de notre mémoire… Et pourtant ces guerres silencieuses tapies en nous, oppressent, influencent et tordent toujours à un certain degré notre comportement. Elles trouvent leur source dans des blessures d’angoisse, de rejet, de complexe, de mensonge, d’abus, de violence, de haine, etc., développées tout au long de notre vie.
L’intériorité, autrement dit l’accompagnement de Jésus et de Dieu dans notre intimité profonde, est une approche particulièrement dépendante de l’inspiration et de la sagesse d’en-haut. Elle nous permet de rencontrer, d’accueillir et de traiter ces guerres silencieuses. C’est laisser l’Esprit de Dieu nous attirer à les rencontrer au-dedans. Il ne s’agit pas d’introspection à chercher tous les cadavres possibles en nous, mais plutôt à se tourner en nous-mêmes, et laisser Jésus nous prendre la main et nous conduire dans le sanctuaire de Dieu que nous sommes en Lui.
« Et si tu crains d’y descendre seul, descends au camp avec Pura ton serviteur. » (Juges 7:10) »
Le texte biblique nous rappelle que Dieu nous rejoint dans nos peurs. Non pas pour les valider, mais pour qu’elles ne deviennent jamais un obstacle à la liberté. Gédéon avait une certaine accoutumance à la crainte. Il demandait sans cesse à Dieu des preuves de sa compagnie et de ses promesses, par peur de l’ennemi, peur de lui-même, peur de ses doutes, peur de l’Eternel…
A un moment charnière, avant la victoire contre les Madianites, nous lisons ce verset très significatif selon la perspective intérieure : « Et l’Éternel dit à Gédéon pendant la nuit: Lève-toi, descends au camp, car je l’ai livré entre tes mains… Et si tu crains d’y descendre seul, descends au camp avec Pura ton serviteur. »
On peut ressentir de la peur, voire même de l’angoisse à l’idée d’affronter ces guerres intérieures. On a l’impression qu’elles pourraient nous submerger complètement et y perdre pied. C’est comme si on avait besoin de vérifier que Dieu est bien avec nous pour les traiter, et même être sûrs qu’Il ne va pas nous « laisser tomber » dans le processus.
Dans le texte, il est indiqué « pendant la nuit ». Dans la tradition mystique chrétienne, cette période n’est symboliquement pas neutre. Il s’agit souvent d’un passage dans notre vie spirituelle, plus ou moins long, où Dieu semble absent alors que nous continuons de venir à lui en nous. C’est aussi souvent la période où nous rencontrons « nos démons intérieurs », nos guerres silencieuses. Je ne ferai pas de rapprochement supplémentaire, mais il est certain que le terme « nuit » porte une connotation de « lieu spirituel » en nous, inexploré, inconnu, inconfortable voire effrayant. Et c’est exactement le cas pour Gédéon ! Dieu le connaît et il sait qu’il n’y arrivera pas seul ! Il en est de même avec nous.
« Pendant la nuit » est aussi le moment où Dieu choisit de parler à Gédéon. La période la moins sécurisante, a priori, est celle du top départ divin pour aller vers le camp ennemi… et finalement son propre « camp ennemi » : sa bataille intérieure. Dieu demande à Gédéon de prendre avec lui son serviteur Pura. Il était certainement son porteur d’armure. Lorsqu’on descend en nous-mêmes, vers ces contrées étrangères, lorsqu’on approche d' »un camp inconnu, voire ennemi », c’est toujours avec l’amure de Christ. On ne prend jamais cette initiative seul, on la soumet à la conduite de Jésus. « Pura » traduit en hébreu « branche » rappelle l’image de la vraie vigne et de ses sarments abordés dans Jean 15. En effet la racine hébreu de ce prénom porte la signification de croissance, de porter du fruit. C’est aussi la saison pour Dieu de nous aider à faire le tri dans nos branches-sarments, entre les véritables, celles qui portent du fruit parce qu’elles sont attachés à Christ et celles qui n’en portent pas car elles ne sont pas établies en Lui. Dieu élague. C’est un temps où nous pouvons avec lui, nous saisir de nos vieilles/fausses branches et leur permettre de tomber à terre, afin que la sève de la vraie vigne se concentre sur les sarments qui portent du fruit.
« Et Gédéon arriva; et voici un homme contait à son compagnon un songe… Ce songe ne signifie pas autre chose que l’épée de Gédéon, fils de Joas, homme d’Israël. Dieu a livré Madian et tout ce camp entre ses mains. » (Juges 7:13-14)
Enfin Dieu va clairement confirmer à Gédéon que la victoire est indéniable, comme déjà palpable. Il n y a plus aucun doute pour le guerrier. Il a entendu le verdict divin de la bouche même de ses ennemis. C’est la même dynamique spirituelle en ce qui concerne nos « camps ennemis » intérieurs. Dieu nous amène aussi au-dedans pour nous approcher de ces « guerres silencieuses », nous en rapprocher de tellement prêt, sans les repousser ou les renier, que nous finissons par entendre, par ressentir de Dieu leur impuissance, comme si elle étaient dénuées de forces. Et nous rejoignons là l’expérience intérieure du « tout accompli » de Jésus Christ pour nous. Les choses anciennes, les vieilles branches, les faux sarments, ce qui n’est pas uni à Christ devient personnellement et intérieurement « identifié » comme dépourvu d’autorité, sans sève d’en-haut – Christ. Alors elles se dessèchent d’elles-mêmes, elles n’ont plus de poids en nous. Sa lumière transfigure nos « ténèbres », et la lumière de l’union en jaillit !
Merci infiniment Fabien ! Que de richesse encore dans ce billet, et quel réconfort et encouragement pour nous de nous rappeler ces vérités !
Et oui, finalement, Gédéon n’a même pas eu à se battre et lors du lancement de « l’attaque », chacun est « resté à sa place en sonnant de la trompette et en brisant ses cruches » (v20/21) et surtout en poussant son cri de guerre et de victoire en même temps 😉 !
Honnêtement, cela m’aide aussi beaucoup que tu rappelles et soulignes cette notion d’armure. Alors oui, je veux rester dans la confiance d’être revêtue de cette armure de la grâce et de la vérité que représente Christ en mon propre coeur !
Et s’il est vrai que « les lieux sombres du pays (coeur) » peuvent être « pleins de repaires de brigands » (psaumes74 v20), Christ pour nous, est celui qui : « menace celui qui dévore, et il ne vous détruira pas les fruits de la terre, et la vigne ne sera pas stérile dans vos campagnes…car vous serez un pays de délices »! ( Malachie 3 v11). Et cette promesse est certaine !!