Il y a longtemps que j’ai dans l’idée de raconter ce témoignage. Si vous étiez en face de moi, vous me verriez à coup sûr pleurer en vous le racontant.
En 2012, Claire est enceinte de notre 2ème enfant. Il y a plusieurs signes pendant la grossesse d’une possible trisomie 21, mais nous refusons les tests pour le confirmer, car ils ne sont pas sans risques pour le bébé. Étant convaincus que la volonté de Dieu est de guérir, ce qui a déjà été accompli par la croix, nous vivons cette grossesse en nous positionnant dans la foi pour que notre enfant naisse en parfaite santé. Les rares fois où nous abordons le sujet ensemble du « et si », et s’il nait avec cet handicap, et si la guérison divine ne se manifeste pas au cours de la grossesse, et si… Je n’arrive même pas à l’entendre, je me referme comme une huitre parce que j’ai peur de cette option et que penser qu’elle puisse arriver est pour moi un manque de foi.
Peu après minuit, le 6 octobre 2012, le « et si » arrive. Lévi est né et lorsqu’on le dépose sur Claire, nous voyons tout de suite que la trisomie s’est invitée dans nos vies.
Dans cette chambre d’hôpital, une fois que le personnel médical nous laisse, nous pleurons. Claire tient Lévi contre elle, il a déjà fait sa première tétée. Nous n’arrivons pas à nous parler parce que nous sommes encore sous le choc. Alors la première chose que nous faisons lorsque nous nous retrouvons tous les trois, nous prions et nous déclarons que Dieu est bon et que ce qui nous arrive ne change rien à cela. C’est un moment fort pour nous, suspendu dans le temps entre nos larmes et cette déclaration puissante qui dépasse notre état d’effondrement. C’est notre premier miracle avec Lévi.
Malheureusement, après ce moment de grâce passé dans la chambre, la suite est éprouvante. Sentiment d’injustice, de solitude, la peine, l’allaitement difficile pour Claire le premier mois et j’en passe.
Oui, Lévi est arrivé bousculant tout notre petit monde. Je suis déboussolé, car le sujet de la guérison divine pour mon fils ne me quitte pas, et pourtant rien ne se passe… Je ne comprends pas ce qui m’arrive et je n’y vois pas d’issue, même avec la foi et l’amour en Dieu.
Lorsque Claire me demande de l’aider avec Lévi, je me force, je n’y arrive pas. Je portais régulièrement Laël en écharpe quand il était bébé, mais je n’ai pas envie de porter Lévi, et quand je le fais à la demande de Claire, il se met à pleurer, ça m’agace et je finis par lui redonner. J’ai même du mal à le regarder. Claire, elle, lui dit qu’elle l’aime et qu’elle le trouve beau, mais pour ma part, je n’y arrive pas.
Claire gère déjà nos deux enfants la journée et elle se retrouve souvent seule avec cette épreuve qui nous arrive. Elle est sonnée et je ne réussis pas à la relayer avec Lévi. En fait je préfère être avec notre premier enfant, Laël, il me rappelle la « normalité », « la facilité », la légèreté (alors que tout n’est pourtant pas simple non plus avec lui). Mais je suis pris dans mes entrailles comme jamais entre mon amour pour Laël et le sentiment de rejet, de culpabilité, d’injustice et d’impuissance concernant Lévi.
3 mois après sa naissance, en janvier 2013, je suis en congés depuis plusieurs jours et deux jours avant ma reprise nous nous promenons tous les 4. Claire me confie qu’elle a hâte que je reprenne le travail, qu’elle attendait mes vacances avec impatience pour ne plus gérer seule, mais que cela devient compliqué pour elle avec mon attitude. Elle me dit qu’elle voit bien que je n’arrive pas à prendre Lévi et que je m’énerve facilement à son contact. Et que finalement ce sera plus simple pour elle si je retourne travailler.
J’ai l’impression que mon monde s’écroule, même ma femme avec laquelle nous n’avions jamais vécu de difficultés sérieuses au sein de notre couple est épuisée de la situation.
Dieu l’avait préparée à ce que je lui confesse ensuite. (Il faut savoir que je ne fais pas toujours dans la demi-mesure). Je lui confie que je « n’aime pas Lévi ». Que je sais que je devrais, mais que je n’y arrive pas et que je commence à douter de voir sa guérison miraculeuse.
À notre retour à la maison, je m’assois sur une chaise et je lui dis en pleurant : « Je suis désolé, je ne suis pas un bon père, et je ne suis pas un bon mari ». Elle tente de me rassurer et nous pleurons ensemble. Mais quelque chose en moi est comme éteint, désillusionné. Elle me propose si je le sens, de partager cela avec un couple d’amis proches (Sarah et Stéphane) qui vient manger le soir même chez nous. Je ne suis pas très emballé.
Nos amis arrivent comme prévu pour diner. Le repas commence, et je sens mon coeur battre la chamade, je comprends que le mieux est de vider mon sac. Je coupe la conversation en cours et je partage la situation en expliquant mon manque d’amour pour Lévi et mon sentiment d’impuissance devant le handicap.
Ils nous proposent de prier. Personnellement je m’attends à tout et à rien… en tout cas certainement pas à ce qui va se passer…
Nous n’avons même pas commencé à prier que Stéphane me dit : « Dieu te dit « Tu es un bon père et tu es un bon mari » ». À cette phrase, je craque littéralement, je n’avais même pas partagé à mes amis ce que j’avais dit à Claire avant qu’ils arrivent. Mon ami continue à prier, et je ne fais même pas attention à ce qu’il dit, car je ressens tellement fortement l’action de Dieu, des fleuves d’eau vives couler, un vrai chamboulement à l’intérieur… Je ne sais pas ce qui se passe, mais la paix et l’amour surabondent en moi. Sarah continue de prier pour moi, et elle reçoit : « Je vais transformer ta dureté inefficace en douceur efficace ». Je continue de pleurer tellement je sens Dieu qui oeuvre… Oui, je suis dur envers moi, car je n’arrive pas à guérir mon fils, et je reporte cette dureté sur lui. Quand je le vois, je vois mon échec.
Nous concluons le temps de prière avec l’espérance de voir le changement dans les temps à venir.
Le lendemain matin, je prends Lévi dans les bras…
e miracle s’est produit ! Je ne le vois plus comme avant. Je contemple son visage avec un amour que je n’avais jamais ressenti pour lui. Il est vraiment beau, ses yeux me transpercent, et je pleure. Je pleure de reconnaissance envers mon Père, car je peux enfin accueillir pleinement mon fils. Je l’aime. Et il se sent enfin aimé de moi.
À partir de ce changement, je peux porter Lévi en écharpe et il s’y calme. S’il se fait mal, il va en premier vers moi pour être consolé. Et s’il doit choisir entre Claire et moi pour être pris, c’est vers moi qu’il tend les bras.
Il y a plusieurs photos de lui et moi où il me regarde avec intensité.
Dieu a tout transformé. C’est notre 2ème miracle avec Lévi, il y a eu un autre miracle du coeur, physique celui-ci et nous sommes en attente des autres à venir 🙂
Bonjour « Disciple » 🙂 Je vous contacte par mail.
Bien à vous
Fabien
❤❤ touchée….
❤ … pas coulée j’espère 😉