« Maintenant le fils de l’homme est glorifié, et Dieu est glorifié en lui. Si Dieu est glorifié en lui, Dieu le glorifiera aussi en lui-même, et immédiatement il le glorifiera. » (Jn 13:31-32, CWSB en français)
Bien souvent, si on nous félicite de ce que nous avons produit ou si nous sommes remerciés pour une guérison, manifestée au travers de nous, nous répliquerons plus vite que notre ombre : « Gloire à Dieu ! ». Comme si une certaine habitude religieuse nous pressait à répondre ainsi, de peur de voler la gloire à Dieu… Le même verset (Esaïe 42:8) est toujours sur les lèvres de ceux qui sont légèrement obsédés par le fait de rendre gloire à Dieu : « je ne donnerai point ma gloire à un autre, ni ma louange aux idoles ». Replaçons rapidement ce verset dans son contexte : Esaïe transmet cet avertissement pour qu’Israël ne confonde pas l’oeuvre de restauration à venir du seul « Yahweh », d’avec les croyances païennes et idolâtres très influencées par leur exil en Babylone.
Par ailleurs, dans les évangiles, nous pouvons lire une sorte « d’acharnement » qu’ont le Père et le Fils à se glorifier mutuellement !
Demandons nous premièrement ce que signifie la « gloire » et l’action de « se glorifier ».
Le mot « gloire » en grec est « doxa » du verbe « dokeo » qui signifie premièrement : opinion ou estimation d’une personne concernant un sujet. En hébreu, il s’agit du mot « kabod » qui veut dire « poids, lourdeur ».
La gloire de Dieu nous concernant, implique en premier l’opinion que Dieu a de nous. Le Père nous a révélé, démontré et confirmé toutes les richesses et la perfection de sa pensée envers nous dans la personne de Jésus Christ. Si nous voulons toucher pleinement et directement, sans ombre de variation, la pensée du Père pour nous, alors il nous faut regarder à Christ.
Le Père a restauré le « kabod » de notre identité, c’est à dire, le poids de notre personne en tant que fils de Dieu, en restaurant et révélant le « doxa », c’est à dire, Son opinion et Sa pensée nous concernant en Christ. Ce n’est pas que Dieu avait changé d’avis entre temps. En fait, la logique de sa pensée n’a jamais varié concernant l’Homme. Mais à cause des choix de l’Homme (issus du premier Adam), la pensée et l’esprit humain ont été tordus dans la conception et la compréhension de sa propre identité ainsi que de celle de Dieu envers lui. L’humanité a perdu la réalité de la vision divine le concernant. Jésus Christ est « l’étalon » parfait pour mesurer et interpréter précisément la gloire restaurée de l’Homme. Christ est la réalité de la gloire dont nous sommes couronnée et habillée. Notre être a besoin de s’éveiller à la gloire que Dieu partage avec nous. Et non… Dieu n’a jamais eu pour but de garder nerveusement et à tout prix Sa gloire pour lui seul. Au contraire ! Il a toujours désiré nous rendre participants de cette gloire. L’incorruptibilité de Sa gloire tend à engloutir toute corruptibilité et mortalité de l’Homme.
Au travers des 4 Evangiles et des Actes (avec une dimension supplémentaire dans Jean), l’action de glorifier Dieu est attachée de très près à la manifestation du royaume de Dieu dans la vie des gens. Les guérisons, les délivrances, les résurrections, l’autorité sur les éléments naturels étaient régulièrement les raisons de glorifier Dieu. (Mt 5:16, Mt 9:8, Mt 15:31, Mc 2:12, Lc 5:25, Lc 7:16, Lc 13:13, Ac 4:21…) La capacité à rendre visible le royaume des cieux permet de dévoiler l’opinion et la pensée du Père pour sa création. Par exemple, guérir les malades manifeste la logique éternelle de Dieu sur la santé et la restauration de notre corps. Lorsque Paul nous demande de glorifier Dieu dans notre corps (et notre esprit, 1 Cor 6:20), il s’agit de rendre évident et visible l’opinion divine concernant la parfaite santé de Son plus précieux sanctuaire : notre corps.
Le terme hébreu « kabod » – qui renvoie au poids de la gloire divine restaurée pour notre être entier – est également lié à la justice de Dieu. En effet, comme expliqué dans un article précédent (La Justice d’en Haut), le terme en hébreu « tsadoq » pour la « justice » contient la notion « d’une balance en équilibre dans un système de poids et de mesures ». A travers la justice de Dieu accomplie en Christ, Il a restauré et mis en lumière l’égalité de notre « poids » au sien ! Ainsi ses attributs de justice, de sainteté, de pureté, de puissance, de foi, de vérité, d’amour (entre autres…) sont devenus nôtres, car nous sommes participants d’une même gloire.
Au début de l’article j’écrivais que nous pouvions lire dans les évangiles, en particulier dans celui de Jean, une certaine dynamique de glorification mutuelle entre le Père et le Fils. (Jean 12:28, Jn 13:31-32, Jn 8:54, Jn 11:4, Jn 12:23, Jn 12:28, Jn 14:13, Jn 15:8, Jn 16:14, Jn 17:1…)
Nous voyons à travers ces textes un désir permanent du Père de glorifier son Fils et inversement. Et depuis la glorification de Jésus à la droite de Dieu, les saints sont associés à la gloire qui a été répandue. (Jn 7:39, Ac 2:33)
Ainsi si cela est vrai du Fils, il en est de même avec l’Eglise. Nous sommes membres de son corps, de sa chair et de ses os. Lorsque le Père glorifie le Fils, nous sommes glorifiés. Lorsque le Père glorifie l’Eglise, le Fils est glorifié. Lorsque l’Eglise glorifie le Fils, le Père en est glorifié et ainsi de suite.
« Et tout ce qui est à moi, est à toi, et ce qui est à toi, est à moi, et je suis glorifié en eux » (Jn 17:10)
« Lorsqu’il viendra pour être glorifié en ce jour- là dans ses saints… »(2 Thess 1:10)
Ne voyons pas un Dieu qui garde jalousement sa gloire de peur qu’on lui prenne… Mais plutôt un Père qui partage, avec plaisir et amour, sa gloire dans l’union de sa présence. Elle est également une véritable « Vie et Substance » et non pas une notion abstraite. La gloire de Dieu est notre revêtement par excellence, notre habit céleste et notre réalité, car elle définit en premier notre identité – à savoir : Christ. Notre Père attend avec impatience que nous le glorifions auprès des autres, non pas pour se réjouir avec narcissisme de sa propre personne, mais pour révéler à notre entourage la « logique » de Sa pensée éternelle les concernant – à savoir : tout ce qui est attribué à Jésus Christ Lui même.
Ce que Moïse a vu et entendu en premier lorsqu’il a demandé à voir la gloire de l’Eternel, était la bonté de Dieu. Même Moïse devait se cacher derrière le rocher pour toucher partiellement et temporairement la gloire (Exode 33). Cette histoire représente tellement bien l’ancienne alliance ; Dieu ne peut révéler pleinement sa Gloire à l’Homme, car celui-ci ne peut la supporter à cause de son identité et sa perception altérée par le péché.
Et voici la nouvelle alliance où nous savons être cachés dans le Rocher, Christ (Col 3:3 – 1 Cor 10:4), afin de contempler et d’expérimenter pleinement le poids et la pensée de Sa gloire/bonté nous concernant. D’ailleurs cette bonté est en même temps une richesse infinie d’amour et de soin envers nous et une expérience d’intensité extrême liée au feu dévorant qu’est Dieu.
Mais c’est un autre sujet à approfondir 😉
Et ceux qu ‘il a prédestinés, il les a aussi appelés; et ceux qu’ il a appelés, il les a aussi justifiés; et ceux qu ‘il a justifiés, il les a aussi glorifiés…Si Dieu est pour nous, qui sera contre nous ? (Rm 8:30-31)